Vous trouverez ci-dessous le texte complet de ma vidéo.
Ce poème a été écrit un jour de colère et d'indignation. Je l'ai voulu comme une revendication, la poésie ne peut être confinée à des mièvreries sans engagement. Elle est aussi le moyen d'expression de toute une classe face à ses oppresseurs. Elle est aussi vecteur de la lutte.
Il faut parfois appeler un chat, un chat et, comme le disait Léo Ferré dans "Préface"
à l'école de la poésie, on n'apprend pas ! On se bat !
La ballade du piètre ouvrier
Je n’ai plus que mes mains
Pour serrer mon verre vide,
L’usine vient de fermer
Et pourtant je souris.
J’étais esclave mes amis
Aujourd’hui je suis libre.
Ils m’ont donné congé
Condescendants et pudiques,
Aux ressources inhumaines
Sous leurs sourires émaillés.
J’étais esclave mes frères
Aujourd’hui je suis libre.
J’ai ramassé tous leurs papiers
Ils m’ont soufflé du bout des lèvres
Un merci de circonstance,
Supra-légaux dans leurs costumes.
J’étais esclave mes amies
Aujourd’hui je suis libre.
Quand les portes ont fermé
Je crois bien que j’ai pleuré,
Des larmes de joie, de tendresse,
30 ans de marne, rien à cirer.
J’étais esclave mes sœurs
Aujourd’hui je suis libre.
Mon sang avait rouillé
Sur toutes les machines,
Une maison, les enfants,
Tout vient de s’effondrer.
J’étais esclave mon fils
Aujourd’hui je suis libre.
Je suis allé pointer
Pour encore quelques jours
Dans les couloirs de Pôle Emploi
On forgeait d’autres chaînes.
J’étais esclave ma fille
Aujourd’hui je suis libre.
Nos dernières vacances
Encore un peu payées
À l’abri des violences,
On se laissait hâler.
J’étais esclave ma chérie
Aujourd’hui je suis libre.
Puis vint le tribunal,
Les médias, les piquets,
J’avais les poches vides,
Les cœurs asséchés.
J’étais esclave maman
Aujourd’hui je suis libre.
Les pointeuses ont cramé,
Les chefs qui gueulaient
On les a faits sauter
Avec la direction
Au fond de l’atelier.
Ils sont mort ces cons,
Aujourd’hui je suis libre.
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